Tripitaka

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Zététique: T'as tort donc j'ai raison.

Hello,

J'aimerais votre avis sur un groupe, et plus généralement, sur la zététique.

Il y a quelques mois, on m'invitait sur ce groupe fb: https://www.facebook.com/groups/zetetique/

Les premiers temps, je trouvais leur manie de systématiquement tout remettre en cause totalement contre productive.
Ma vision de la zététique, c'est des gens qui se veulent le plus objectif possible, gerbe sur tout culte non certifié et qui au final créé une sorte de religion de la preuve. Si vous conaissez pas cette mouvence et que vous voulez une définition plus objective, c'est sur wikipédia.
Aujourd'hui, ils commencent à me mettre face à une dualité désagréable, ils confrontent mes paradoxes.

En gros, après quelques mois sur le groupe (que je vous invite à rejoindre pour vous faire une idée et me retourner ce que vous en pensez dans quelques temps), c'est indéniable que les mecs ont des arguments solides mais ils s'entêtent à cracher sur des sujets alternatifs: bio, végétarisme, médecine alternative, etc.

En disant par exemple que le végétarisme, c'est mauvais pour la santé, que l'argument que notre corps est fait pour bouffer de la pelouze ne tient plus car notre corps c'est adapté.
Ou encore en ayant toujours le même discours sur les médecines alternatives: bullshit, essaies avec un placebo ca sera pareil.
Pour ce qui est du bio, je vais finir ce post par un exemple de post du groupe, mais modéré et critique (en tout point)
Car avoir un esprit critique c'est bien jolie, mais ils oublient souvent d'être critique envers leur critique, ou du moins d'en considérer l'effet.
Mon problème est que je peux pas nier qu'en général ils ont pas tord, mais leur tendance à confondre ça avec le fait qu'ils ont raison est insuportable.

A les lire, t'as l'impression que toute alternative est désuet, que c'est toujours une fausse solution etc. Mais quand bien même ca serait vraie, ca sert à quoi de s'acharner la dessus?
C'est vouer un culte malsain (et orienté) à l'objectivité.
Ils donnent vraiment l'impression qu'il y a rien à changer, que le monde n'a pas besoin d'alternative et donc limite que tout va bien.
Je sais que ce n'est pas ce qu'ils pensent, mais c'est l'atmosphére finalement ressentis.
C'est certes pas un groupe politisé supposé apporter des solutions, mais se limiter à critiquer, c'est un peu facile et c'est pas forcément constructif de dire à un mec qui croit aux pseudos médecines "ton truc, ca a aucune efficacité tangible, ca marche que parce que t'y crois donc dans les faits ca marche pas", oui, mais dans les faits, pour celui qui y croyait avant de les croiser, ca marchait, n'est ce pas là le principal?

Alors, certes, leurs sources sont souvent plus fiable que leur opposants balançant du santéplusmagazine ou autre, mais est-ce une raison pour répandre un message invitant à pas avoir trop d'attente envers une alternative?

C'est pas comme si l'industrie alimentaire, la médecine commune etc n'avait rien à se reprocher, loin de là, je trouve donc dommage qu'au final ils démontent jamais rien lá dessus, eux supposer être capable de tout remettre en cause.
Je pense que c'est seulement parcequ'ils démontent ce qu'on leur propose de démonter et que y a bien plus de mecs qui débarquent en mode "mais quand même, les vaccins, c'est super dangereux" que de mecs qui débarquent en mode "la viande, c'est trop cool, j'en mange à tous les repas, ca met la patate", mais à force de défendre toujours les même causes, ils se rendent peut être pas compte du message que ça peut véhiculer...

C'est surement involontaire de leur part mais indirectement, un mec lambda et un peu con qui trainerait sur leur groupe pourrait se dire que l'esprit alternatif est bidon et que le monde est très bien comme il est.
Bref des crétins qui mangent dans les mains d'un système on ne peut plus criticable il y en a assez comme ça, je vois mal pourquoi ils lévent une armée, qui va avoir comme effet d'en créer d'autres, quand bien même l'idée de base (et louable) était de développer l'esprit critique des lecteurs.

Voici un message d'un membre sur le bio, sachez que c'est pas du tout représentatif de ce que je critique et du groupe de maniére général. Il présente le probléme sous l'aspect zététique, tout en soulevant ce qui me dérange dans leur mouvement, ca donne l'idée d'un avis mais tout à fait modéré (en général, c'est plus "on a des preuves, t'en as pas, donc t'as tord, voilà, bisou") :

"Je remets ici mon avis sur la question, qui tente d'être assez exhaustif sur les considérations, tout en apportant ma conclusion (subjective) :

★ Une idée reçue, et un sophisme comme principe de base :

Déjà soyons clairs, corrigeons une idée reçue étonnamment fréquente : le bio utilise des pesticides. Ce qu'il interdit, ce sont les pesticides de synthèses.

En fait, le bio repose sur une dichotomie infondée entre synthétique et "naturel", couplé au sophisme d'appel à la Nature. Par conséquent, on autorise des pesticides "naturels" et pas de produits de synthèse. Or, tandis que le "naturel" impose une contrainte technique sur les produits utilisables, la synthèse permet elle d'optimiser les produits pour être fonctionnels au mieux avec une dose et une toxicité minimale. Résultat, assez souvent, l'alternative utilisée en bio est plus toxique que son pendant de synthèse. Prenons par exemple le sulfate de cuivre, principe actif du fongicide bio qu'est la la bouille bordelaise. Il est une alternative au fongicide synthétique classique qu'est le mancozèbe, et il lui est largement plus toxique, avec un LD50 de 300 mg/kg, contre 11200 mg/kg pour le mancozèbe (soit 37 fois plus toxique). (http://risk-monger.blogactiv.eu/2015/11/12/the-risk-mongers-dirty-dozen-12-highly-toxic-pesticides-approved-for-use-in-organic-farming/)
Bref : faire bio, c'est pas forcément meilleur ni pour la santé, ni pour l'environnement. (Je ne développerai pas plus, le sujet étant fréquemment abordé sur le groupe Zététique.)

Parfois, c'est même plus direct. Considérons des sujets comme les savons. La chaîne Lush fait des savons très bobo-hipsters : faits mains, pas testés sur les animaux. Ils refusent de faire du bio, bien que ça leur ferait vendre encore plus, surtout vu le public ciblé, qui déjà demande régulièrement pourquoi c'est pas 100% bio. La réponse : "soit on met du paraben - c'est synthétique, mais on en a besoin de juste un peu et c'est testé et on sait que c'est pas du tout dangereux pour l'organisme -, soit on en met pas et pour le remplacer on doit mettre plein d'alcool, qui vous assèche la peau."

★ Une question éthique :

Ainsi, d'un point de vue éthique tout d'abord, soutenir le bio est discutable. En effet, le produit se vend - généralement plus cher - parce que soit les clients croient que "bio" implique "sans pesticide", soit ils sont dupés par cette appel à la Nature, ce sophisme susmentionné. Et il n'y a qu'à parcourir les pages pro-bio pour s'en convaincre : ce qui est vendu, c'est bien la promesse d'un produit plus sain et/ou plus écologique. Est-ce normal de soutenir des labels qui dupent ainsi leur clientèle ?

Par ailleurs, on notera l'impact du message. Comme j'ai dit, le "bio" repose sur l'appel à la Nature. Le bio partout, et le fait qu'il soit loué, ne fait que renforcer ce biais en le rendant plus répandu (ad populum) et en lui conférant une légitimité de par l'existence même du bio.
C'est ce même biais qui renforce les médecines alternatives tout en éloignant de la médecine conventionnelle qui utilise la chimie via la pharmacologie.

★ Le bon message :

La situation demeure toutefois compliquée. Le bio incarne en effet un désir d'une agriculture plus responsable, plus raisonnée, plus respectueuse de l'environnement... et ça c'est quelque chose de positif. D'ailleurs, on notera qu'en pratique, il semble qu'en moyenne actuellement les cultures bio soient moins polluantes. Toutefois, c'est lié à une stratégie d'utilisation des produits plus qu'au choix dédits produits. On peut faire mieux avec une stratégie semblables mais des produits plus optimum.

Ainsi soutenir le bio invite certes au changement vers une agriculture moins délétère pour l'environnement, mais en la poussant vers une direction qui ne serait pas la bonne. En terme de message envoyé par le consommateur, on est un peu coincé : d'un côté, le "bio" est pour l'instant le seul produit dont l'achat semble dire "ça m'importe" ; de l'autre, il ne répond pas du tout avec les bonnes méthodes et cette tendance qu'il semble affirmer ne va pas du bon côté. Plutôt que de tendre vers cet idéal, via les pressions populaires et les lois on favorise (pour l'écologie) une agriculture bio. On s'améliore ... mais on s'éloigne de la solution optimale en ne posant plus les bonnes questions.

★ Conclusion :

Je boycotte le bio. Je boycotte le bio parce qu'il s'agit d'une tromperie, fondée sur un sophisme des plus fallacieux. Je boycotte le bio parce qu'il est vendu avec la promesse d'un produit plus sain et écologique... mais qu'il l'est parfois moins qu'un produit conventionnel. Je boycotte le bio parce qu'il aide à répandre l'idée dangereuse que "naturel c'est mieux". Je boycotte le bio enfin parce qu'il ne pousse pas du tout l'agriculture vers un optimum écologique.

Toutefois, sur ce dernier point, la situation est mitigée. Le bio est le seul moyen d'inviter, en tant que consommateur, à une agriculture encore plus responsable sur le plan écologique. Si les stratégies de traitement utilisées en bio était plus utilisées dans l'agriculture conventionnelle, ce serait peut-être bien mieux... Mais à mon sens, cela ne justifie pas de pointer dans une direction approximativement bonne mais finalement mauvaise, et cela ne compense pas tous les autres points qui motivent mon point de vu (qui demeure personnel)"



03/04/2016
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